Editorial de la revue
En ces temps politiques un peu chaotiques, nous avons deux inquiétudes majeures.
La politique de la DITND est de plus en plus de faire disparaître la spécificité de l’autisme et des besoins des enfants et adultes concernés. Défendre une action spécifique à l’autisme devient quasiment impossible, tellement nous nous prenons de coups d’autres associations, jalouses de ce que nous n’avons pas.
Devons-nous rappeler que la majorité des personnes autistes n’a toujours pas de diagnostic, que les PCO ne posent que des diagnostics tardifs et partiels, ne mettent en œuvre aucune intervention précoce conforme aux recommandations de bonnes pratiques, que la scolarisation des enfants et adolescents autistes reste précaire, que les adultes dépendants doivent attendre un lieu de vie entre 10 et 20 ans, en restant à la charge de leurs familles épuisées, que les plus autonomes ne sont pas forcément mieux traités : le soutien à la vie autonome est quasi absent, que les formations scientifiquement validées n’existent quasiment pas et que le contrôle de la qualité est anecdotique.
C’est dans ce cadre-là qu’au motif d’ouvrir des centres de ressources TDAH, on commence à démanteler les CRA, chèrement acquis en 2005 après 15 ans de combats de notre association et une condamnation de la France en 2004 du Conseil de l’Europe pour discrimination à l’égard des personnes autistes.
Ces attaques incessantes contre les réponses spécifiques aux besoins des personnes autistes sont inadmissibles et uniques au monde : la France est le seul pays au monde à détruire les rares acquis de trois plans autisme.
Par ailleurs, nous ne voyons pas venir de travaux sur une future stratégie autisme qui prendrait le relais de celle, totalement vide, qui se terminera en 2027. Nous demandons donc un plan autisme 4 à la hauteur des besoins. Les autres associations TND ont bien sûr des besoins à défendre, ce n’est pas le problème, nous avons des combats communs. Qu’ils construisent leurs propres plans sans voler systématiquement ce qui a été fait pour l’autisme, avec des milliers d’heures de travail des bénévoles et des professionnels.
Danièle Langloys
La Lettre d'Autisme France n°98, à paraître semaine prochaine
